Une réelle révolution est en train d’être opérée au Bénin. Depuis l’élection du président de la République Patrice Talon, tous les secteurs d’activités ont subi des changements significatifs. Les conseils des ministres hebdomadaires sont couronnés de décisions entraînant un réel bouleversement dans tel ou tel domaine. Les populations sont chaque semaine surprises par ces décisions mais se résignent à les suivre car l’autorité avait d’ores et déjà prise les dispositions nécessaires pour éviter les manifestations.
Ainsi, les activités des associations faîtières estudiantines ont été limitées, des consensus ont été signés avec les organisations syndicales et plus de marches dans le pays pour raison de choix de mauvais itinéraires aux alentours de la présidence ou dans une zone sensible.
Est-ce que le béninois qui a été habitué par le régime précédent à des marches de manifestation ou de soutien pourra s’habituer à rester immobile sans crier son ras-le-bol à tous ces changements hebdomadaires pour lesquels le consensus populaire n’est pas vraiment espéré?
De même, il paraît qu’une vraie crise financière est ressentie dans le pays avec les problèmes du naira de notre pays voisin, le Nigéria. Des taxes sont créées sur tout: les véhicules, les places au marché, les gains de loterie et j’en passe. Les emplois sont créés dans le secteur public et les concours pour les obtenir sont de plus en plus surveillés et sélectifs évitant des recrutements avant la composition comme jadis. Un système fut même créé pour éviter les fraudes.
Le secteur éducatif tant privé que public fut bouleversé dans le bon sens du terme, la dictée fut réintroduite au primaire, des exigences conditionnent la composition pour le baccalauréat et un apprentissage solide de l’anglais est exigé pour s’inscrire au Master dans les universités publiques dont les antennes ont été réduites dans le pays. Les diplômes délivrés par les universités privées pour les licences et les masters seront préalablement soumis à des examens nationaux. Eh oui, les diplômes béninois seront plus difficiles à obtenir et leur détenteurs n’en seront que fiers.
Les rues ont aussi été assainies de l’occupation anarchique des populations et des différentes manifestations religieuses, familiales et autres. L’Etat est en train de reprendre progressivement possession de ses marques sur le territoire national, où régnait l’anarchie l’ordre a repris ses marques.Les différents commerces informels sont progressivement supprimés, celui de l’essence frelatée dit kpayo, des faux médicaments faisant jadis concurrence aux quelques pharmacies existantes et à la pharmacopée traditionnelle.
Toutes ces actions révolutionnaires suppriment de nombreux emplois mais sauvent de nombreuses vies humaines. Ce qui participe à ce sauvetage c’est la redéfinition du rôle de nos forces de l’ordre : la police, la gendarmerie et l’armée. Tout accident dans le pays sur une voie inter-état ou goudronnée est suivie du limogeage ou de l’arrêt temporaire des agents qui étaient chargés de surveillés ce tronçon routier.
La recrudescence des braquages quotidiens est diminuée puisque les forces de l’ordre qui se reposaient à l’ombre des arbres ont été gratifiés d’une prime alimentaire et ont compris que leur rôle est d’assurer la sécurité des populations et non de rançonner les conducteurs de véhicules.Ces activités de rançonnement et autres actes malsains des services publics sont dénoncés grâce au numéro vert gratuit.
Le domaine sportif est aussi touché par le vent du changement, La crise au niveau de la Fédération Béninoise de Football a été gérée par l’intervention du président de la République qui a exigé la signature d’un consensus entre les différents acteurs de la crise. Des centres sportifs seront créés dans tous les douze départements demandant un recrutement de 1200 encadreurs sportifs.
Les douze départements ont été dotés de préfets et des changements de chefs lieux de départements sont intervenus; ce qui entraine sûrement une gestion plus rigoureuse et plus active. C’est le cas avec le préfet Toboula du Littoral, qui s’est fait énormément remarqué.
La révision de la constitution sera aussi opérée pour dit-on entre autres, limiter le mandat présidentiel à 5 ans non renouvelables. Cela n’entraîne pas la même ardeur des opposants d’antan, les slogans “ne touche pas à ma constitution” n’existent plus; peut-être parce qu’il n’a plus une réelle opposition. Le projet de loi de cette révision introduit en urgence auprès des députés s’est heurté à un vote négatif et quelques bonnes leçons pour son initiateur.
Nous pourrions énumérer parmi celles-ci:
- Cette révision aurait dû précéder le déguerpissement des populations et autres décisions qui avaient lésé directement ou indirectement les populations.
- Le projet ne devrait pas être introduit en urgence mais comme un projet de loi ordinaire vu que dans le passé les béninois se sont opposés à cette révision de leur loi fondamentale, et cette urgence donnait l’impression qu’il y avait quelque chose à cacher.
- Une plus grande implication des populations analphabètes et intellectuelles aurait dû être considérée.
- Une traduction en langues locales était souhaitable pour une meilleure adhésion et compréhension de cette nouvelle constitution à laquelle seront soumises toutes les populations.
- Une meilleure explication par l’initiateur de cette révision aurait dû être faite au plus tard le jour de l’envoi à l’Assemblée nationale. Le discours de 10 minutes qui a été présenté était superficiel et ne montrait pas la pertinence d’une réelle révision autant qu’elle n’expliquait même pas les points importants soumis à la révision.
Mireille P. DIMIGOU, Benin du Futur Think Tank